Les ouvrages
« Les récits évoquant des vampires existent depuis l’Antiquité,mais c’est au siècle des Lumières qu’ils se développent réellement en Europe », explique Charles Porset dans son livre « Vampires et Lumières » paru en 2007.
"De masticatione mortuorum in tumulis" de Michael Ranft
Un des premiers ouvrages sur le sujet est écrit par le théologien Philip Rohr, « De masticatione mortuorum » (la mastication mortuaire) en 1679, puis repris en 1725 par l’auteur germanique Michael Ranft sous le titre « De masticatione mortuorum in tumulis » (la mastication des morts dans les tombeaux). C’est finalement ce dernier qui sera le plus connu en la matière. Cependant, si Ranft a voulu démonter le mythe en s’en référant au côté médical et scientifique et en fustigeant le côté surnaturel, qu’il rattache au folklore, il l’a au contraire renforcé en s’en faisant malgré lui le porte-parole.
Vers 1750, le prêtre français Don Augustin Calmet rédige le « Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenants de Hongrie et de Moravie », qui détonne en abordant le surnaturel au sein du siècle des Lumières, attaché au rationalisme. Calmet est soutenu par son confrère Ildefonse Cathelinot qui affirme avec force auprès des théologiens et philosophes que le surnaturel fait partie de l’ordre du monde, même s’il n’y a aucune explication rationnelle. Cependant, Calmet sera vivement critiqué par Voltaire, qui ne comprend pas comment un tel érudit ait publié un ouvrage relatif aux vampires. Néanmoins, Voltaire s’est largement inspiré des écrits de Calmet pour élaborer son « Dictionnaire philosophique », paru en 1764.
Quant à Rousseau, il n’écrivit rien sur le sujet, en revanche, une citation lui est attribuée, à peu près en ces mots : « S’il n’y eut jamais au monde une histoire garantie et prouvée, c’est celle des vampires. Rien ne manque : rapports officiels, témoignages de personnes de qualité, de chirurgiens, de prêtres, de juges : l’évidence est complète ! ».
Gerard van Swieten, médecin et scientifique austro-hollandais, se pencha également sur les écrits de Calmet. Il publia en 1755 un « Rapport médical sur les vampires » à la suite de recherches sur des cas avérés de cadavres restés intacts et de morts suspectes aux alentours de tombes, en Autriche. Mais il abandonna sa démarche, car le sujet le dépassait.
Gerard van Swieten, médecin et scientifique austro-hollandais, se pencha également sur les écrits de Calmet. Il publia en 1755 un « Rapport médical sur les vampires » à la suite de recherches sur des cas avérés de cadavres restés intacts et de morts suspectes aux alentours de tombes, en Autriche. Mais il abandonna sa démarche, car le sujet le dépassait.
Squelette d'une femme du XVIème siècle, découverte à Venise. Une brique a été introduite dans sa cavité buccale afin de l'empêcher de mâcher son linceul et de revenir à la vie sous forme de vampire.
Les poèmes
« Der vampir » (le vampire) de Ossenfelder, publié en 1748 dans une revue allemande, est le premier poème à aborder le thème des vampires.
Un demi-siècle plus tard, paraît « La fiancée de Corinthe » de Goethe. Dans ce poème, les descriptions de la jeune fille et ses paroles laissent clairement deviner qu’on a affaire à un vampire. Cependant ce terme n’est jamais employé par l’auteur.
En 1810, John Stagg écrit un poème composé de 152 vers, « Le Vampire », dont l’histoire se déroule en Hongrie, et dans lequel une femme se rend compte que son mari malade est tourmenté par un ami décédé, devenu vampire, qui vient lui sucer le sang.
Trois ans plus tard, Lord Byron publie « Le Giaour ». Ce poème narratif est l’occasion pour l’auteur d’aborder le thème du vampire, superstition très présente en Orient. Il est à préciser qu’un Giaour est un terme de mépris appliqué par les turcs aux infidèles.
Le poème « Les Métamorphoses du vampire » de Charles Baudelaire, paru en 1857, fait partie des Épaves, ces pièces condamnées qui furent censurées lors du procès des « Fleurs du mal » l’année de sa parution. Ce poème, qualifié de monstrueux, dût rester caché jusqu’en 1945. On y retrouve, sous les traits du vampire, un thème obsessionnel chez Baudelaire : l’union, dans la femme, de l’amour et de la mort.
« Der vampir » (le vampire) de Ossenfelder, publié en 1748 dans une revue allemande, est le premier poème à aborder le thème des vampires.
Un demi-siècle plus tard, paraît « La fiancée de Corinthe » de Goethe. Dans ce poème, les descriptions de la jeune fille et ses paroles laissent clairement deviner qu’on a affaire à un vampire. Cependant ce terme n’est jamais employé par l’auteur.
En 1810, John Stagg écrit un poème composé de 152 vers, « Le Vampire », dont l’histoire se déroule en Hongrie, et dans lequel une femme se rend compte que son mari malade est tourmenté par un ami décédé, devenu vampire, qui vient lui sucer le sang.
Trois ans plus tard, Lord Byron publie « Le Giaour ». Ce poème narratif est l’occasion pour l’auteur d’aborder le thème du vampire, superstition très présente en Orient. Il est à préciser qu’un Giaour est un terme de mépris appliqué par les turcs aux infidèles.
Le poème « Les Métamorphoses du vampire » de Charles Baudelaire, paru en 1857, fait partie des Épaves, ces pièces condamnées qui furent censurées lors du procès des « Fleurs du mal » l’année de sa parution. Ce poème, qualifié de monstrueux, dût rester caché jusqu’en 1945. On y retrouve, sous les traits du vampire, un thème obsessionnel chez Baudelaire : l’union, dans la femme, de l’amour et de la mort.
Tableau "La chauve-souris" (1880) de Albert Penot
Romans et Nouvelles
La nouvelle « Le vampire » de John Polidori (ami de Mary Shelley, auteur de « Frankenstein ») est écrite en 1819 à partir d’un brouillon du poète Lord Byron. Pour la première fois, il est question d’un vampire sophistiqué, effaçant légèrement les traits monstrueux du personnage.
Puis Théophile Gautier publie « La morte amoureuse » en 1836. La nouvelle met en scène une courtisane, sur laquelle court de sordides rumeurs.
Alexandre Dumas père s’exerce également aux histoires du genre en 1849, avec « Histoire de la dame pâle », un conte extrait du livre « Les mille et un fantômes ».
La nouvelle « Le vampire » de John Polidori (ami de Mary Shelley, auteur de « Frankenstein ») est écrite en 1819 à partir d’un brouillon du poète Lord Byron. Pour la première fois, il est question d’un vampire sophistiqué, effaçant légèrement les traits monstrueux du personnage.
Puis Théophile Gautier publie « La morte amoureuse » en 1836. La nouvelle met en scène une courtisane, sur laquelle court de sordides rumeurs.
Alexandre Dumas père s’exerce également aux histoires du genre en 1849, avec « Histoire de la dame pâle », un conte extrait du livre « Les mille et un fantômes ».
Paul Feval père, pourtant féru de romans de capes et d’épées, s’essaiera lui aussi au récit « vampiral » (adjectif inventé par l’auteur) avec « La vampire » dans « Les drames de la mort » en 1856, « Le chevalier Ténèbre » en 1860, et « La ville vampire » en 1875. Quant à Paul Feval fils, il écrira en 1929 un roman sur les vampires, intitulé « Les Vampires de la mer ».
En 1871, paraît « Carmilla » de Le Fanu, un auteur irlandais. Ce livre constitue une œuvre majeure dans la littérature fantastique, romantique et macabre.
Un autre auteur célèbre, Sir Arthur Conan Doyle, publiera deux romans dans la même veine : « Le parasite » en 1894 et « Le vampire du Sussex » en 1927.
Bram Stoker, compatriote de Sheridan Le Fanu s’inpira de « Carmilla », ainsi que l’histoire de Vlad Tepes pour écrire « Dracula » en 1897. Il aura mis une dizaine d’années à élaborer ce roman, qui deviendra le plus célèbre dans le genre, inspirant de nombreux autre écrivains.
Bram Stoker (1847-1912)
En 1954 parait « Je suis une légende » de Richard Matherson, auteur américain de science-fiction, qui relate le destin tragique du dernier homme sur Terre, immunisé contre une nouvelle pandémie causée par la morsure d’une chauve-souris. Les victimes présentent toutes les caractèristiques dévolues aux vampires.
Le deuxième roman de Stephen King, « Salem » paru en 1975, relate l’histoire d’un écrivain qui revient dans un ville natale où un vampire a élu domicile.
L’année suivante, Anne Rice publie le premier des dix tomes de la « Chronique des Vampires », écrits jusqu’en 2002 : tous les romans sont centrés sur un personnage, Lestat de Lioncourt, un noble français transformé en vampire au cours du XVIIIe siècle. Ses vampires présentent des caractéristiques différentes du vampire classique (exemple : ils peuvent boire du sang animal, ne peuvent être détruits par des pieux en bois, etc…).
"Entretien avec un vampire" de Anne Rice
En 2004 sort « Laisse-moi entrer » (titre original : « Låt den rätte komma in »), un roman fantastique écrit par l’écrivain suédois John Ajvide Lindqvist. L’histoire met en scène deux jeune héros, un garçon de douze ans, devenu à l’école le souffre douleur de ses camarades, et une enfant vampire vieille de plusieurs siècles. Le titre même évoque le fait qu’un vampire ne peut entrer dans une maison que si on l’y invite. Cette caractéristique du personnage est présente dans plusieurs œuvres.
Le personnage du vampire dans la littérature connaît ensuite un vif succès auprès des adolescents avec « La saga du désir interdit » (plus connu sous le nom de « Twilight ») de Stephenie Meyer, écrit entre 2005 et 2008. Dans ces romans (quatre au total), le vampire est complètement dénaturé (il ne craint pas la lumière du jour, scintille au soleil, etc…), ce qui engendra de très nombreuses critiques parmi les fervents défenseurs du mythe originel.
En octobre 2009, on renoue avec le vampire « traditionnel » avec la seule suite du roman de Bram Stoker, écrite par son petit fils Dacre Stoker et Ian Holt. Le récit, intitulé « Dracula l’immortel » commence vingt-cinq ans après la destruction de Dracula.
Enfin la même année, une série de sept livres, « Le journal d’un vampire » de L. J. Smith, connaît également un grand succès chez les jeunes. Si dans cette série les vampires se rapprochent plus du mythe de Dracula que pour « Twilight », l’histoire se centre surtout sur la vie et les problèmes adolescents, tout comme dans la saga de Stephenie Meyer.
Voici une listes d’œuvres littéraire où vous pourrez également retrouver le vampire :
- Les dents de la nuit: petite anthologie vampirique; de Sarah Cohen Scali
- Modnighters: T1: L'heure secrète, T2: L'étreinte des ténèbres; de Scott Westerfeld
- La baronne trépassée ; de Pierre Ponson du Terrail
- Lestat le vampire, Entretien avec un vampire, La Reine des Damnés; De Anne Rice
- Profession Vampire; de Gudule
- Le baiser du vampire et autres histoires fantastique; De Alexandre Dumas
Et enfin, pour terminer cet article sur le vampire dans la littérature, je vous propose de lire le poème "Les métamorphoses du vampire" de Charles Baudelaire :
"La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
- "Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi!"
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver."
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
Et pétrissant ses seins sur le fer de son busc,
Laissait couler ces mots tout imprégnés de musc:
- "Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
Et fais rire les vieux du rire des enfants.
Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
La lune, le soleil, le ciel et les étoiles!
Je suis, mon cher savant, si docte aux voluptés,
Lorsque j'étouffe un homme en mes bras redoutés,
Ou lorsque j'abandonne aux morsures mon buste,
Timide et libertine, et fragile et robuste,
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi!"
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus!
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver."
Charles Baudelaire
Sources: Wikipedia, Science & vie junior hors série n°82 de juin 2010, Vampire! Le Guide au éditions NATHAN.
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